Éloignée des terres continentales, les îles de Polynésie ont une avifaune dont le nombre d’espèces est relativement faible. L’avifaune terrestre compte une trentaine d’espèces. Derrière cette pauvreté apparente se cache de grandes valeurs biologiques et patrimoniales : la quasi-totalité des espèces ne se rencontre qu’en Polynésie.
Du fait de son passé géologique et sa surélévation, Makatea abrite des espèces végétales uniques au monde. Sans doute étaient-elles présentes dans les autres atolls mais, avec les épisodes de montées des eaux, elles en auraient disparu.
Les prospections menées, notamment les dernières par Butaud et Jacq, ont montré la présence de nombreuses espèces endémiques, à l’échelle de la Polynésie voire de l’atoll de Makatea, dont certaines protégées.
La forêt primaire de l’île représente un ecosystème dont la préservation est indicutable.
LE PTILOPE DE MAKATEA
Le Ptilope de Makatea (‘o’o) ou Ptilinopus chalcurus est réputé présent dans l’ensemble de l’atoll. Selon les auteurs, l’espèce ne semble pas avoir été affecté par la déforestation importante de l’exploitation de phosphates. La population est estimée à un millier d’individus. L’espèce est présente sur l’ensemble de l’atoll, dans les parties boisées, aussi bien dans les anciens sites d’extraction clairsemés que dans les abords du village. Le ptilope se nourrit de petits fruits et de baies, mais aussi de feuilles et fleurs.
Pigeon vert
Ptilinopus chalcurus
Photographic Handbook of Birds of the World, Jornvall & Shirihai, A & C Black, London ©
LA ROUSSEROLE
Les rousserolles sont présentes partout dans l’atoll, depuis les jardins du village, les zones de végétation secondaire dense (pistachier et acacia près du village ; sous-bois de la cocoteraie de Moumu) et les parties exploitées en cours de recolonisation par la végétation (brousse à Pandanus) –localement avec quelques arbustes seulement.
Elle est cependant en densité plus faible dans la zone de forêt naturelle.
La rousserole
Te Kōtiotio
Photographic Handbook of Birds of the World, Jornvall & Shirihai, A & C Black, London ©
LE CARPOPHAGE DE LA SOCIETE, OU RUPE
Cet oiseau forestier est présent sur tout l’atoll, y compris les anciennes zones d’extraction et les jardins du village. Le Rupe est essentiellement frugivore.
Le Carpophage de la Société ou Ducula aurorae fait partie de la famille des Columbidae (qui comporte les pigeons). Autrefois considérée comme une sous espèce du Carpophage de la Société, il est maintenant reconnu comme une espèce à part entière.
Cette espèce semble maintenant présente uniquement dans l’atoll de Makatea. Sa population a connu une forte régression durant l’exploitation du phosphate, avec notamment le recul des espaces boisés et la chasse (données population). L’arrêt de l’exploitation semble avoir permis à la population restante de se reconstituer. Sa population est estimée à 300 individus au plus et elle est considérée comme étant en danger d’extinction. Le genre Ducula aurait surtout régressé avec l’introduction du Busard de Gould.
Selon la population, cette espèce est présente dans toute l’île, mais de nombreuses personnes lui attribue un territoire particulier (autour du Mont Aetia). En l’absence de données de confirmation, cet espace est considéré comme très sensible dans la suite du diagnostic
Le Carpophage de la Société ou Ducula aurorae
Te Rupe
Photographic Handbook of Birds of the World, Jornvall & Shirihai, A & C Black, London ©
MOLLUSQUE TERRESTRE
La faune locale d’escargots est discrète et remarquablement diversifiée du fait de l’absence ou la rareté des prédateurs et compétiteurs autochtones. L’endémisme est élevé et de nombreuses espèces peuvent avoir des aires de répartition limitées à une île ou même à une vallée.
L’atoll est connu pour être un site de présence privilégié. Makatea abrite deux genres et 25 espèces endémiques pour la seule famille des Endodontidae. Une mission de prospection réalisée en 2005 a permis d’affiner la connaissance de ces peuplements en ajoutant la découverte de 19 nouvelles espèces ! D’autres espèces sont présentes, notamment Cyclomorpha, gros operculé terrestre endémique de l’archipel, avec deux espèces dont une découverte en 2005.
Au total, les spécialistes estiment qu’une cinquantaine d’espèces étaient considérées présentes, dont 45 endémiques, auxquelles s’ajoutent maintenant 17 autres introduites ou cryptogènes.
LE CRABE DE COCOTIER
Le crabe de cocotiers est une espèce symbolique à Makatea. Il est chassé, consommé sur place ou envoyé à Tahiti pour être vendu. Il se cache dans la journée. Il sort parfois, surtout par temps pluvieux. Omnivore, nécrophage, voire cannibale, il se nourrit de fruits, de bois, de feuilles décomposées, de charognes, d’escargots, de rats, de coquilles, de juvéniles de tortues … il ne dépend pas de la noix de coco pour s’alimenter.
L’accouplement est saisonnier, entre janvier et février pour l’hémisphère Sud. Le couple se bat, puis le mâle retourne la femelle pour un acte qui dure une quinzaine de minutes.
L’ensemble des femelles grainées migre alors vers l’océan à partir des falaises la nuit pour ensuite libérer leurs œufs (50 000 à 150 000 larves) 25 à 45 jours plus tard.
Les premiers stades larvaires sont donc aquatiques. Le crabe juvénile sortit de l’eau va muer trois fois pendant sa première année où il vit entre l’océan et la falaise interne.
A 3 ans, il devient mature et quitte l’océan pour les terres où il s’installe dans un terrier. Adulte, il ne mue plus qu’une fois par an.